boonen trop fort

Comme on pouvait s’y attendre, Tom Boonen était le plus fort aujourd’hui sur les routes de Paris-Roubaix. Le Belge de la Quick Step s’impose devant George Hincapie et Juan Antonio Flecha, qui n’ont su attaquer le nouveau leader de l’UCI Pro Tour. Un grand champion est né ce dimanche.



Par Maxime Dupuis

Au départ de Compiègne dimanche matin, Tom Boonen portait une pancarte de favori grande comme un panneau d’affichage en 4x3. Vainqueur du Tour des Flandres, le Belge était craint comme le loup blanc. A vrai dire, ses déclarations d’avant-course n’avaient fait qu’amplifier ce statut. «La chance y prend une plus grande importance encore que dans les autres classiques. Une chute, une crevaison et tout peut être est perdu. Pourtant, c'est sans doute plus facile de gagner Paris-Roubaix que le Tour des Flandres.» Alors que certains craquent sous la pression, Tom Boonen a lui parfaitement maîtrisé la course et remporté l’édition 2005 de Paris-Roubaix dans un fauteuil. Il prend du même coup la tête de l’UCI Pro Tour.

Huit courageux partent à l’attaque
C’est un peloton de 192 coureurs qui s’était élancé ce matin pour parcourir les 259 kilomètres (sans Arenberg) au programme du jour. Erwin Thijs (MrBookmaker), Stéphane Berges, Florent Brard (Agritubel), David Herrero (Euskaltel), Sebastian Lang (Gerolsteiner), Carlos Barredo (Liberty Seguros), Sébastien Chavanel (Bouygues) et Arnaud Coyot (Cofidis) allaient vite se mettre en vedette en partant à l’aventure. L’écart grimpait rapidement et les huit courageux allaient compter jusqu’à onze minutes d’avance. Tandis que cette fine équipe roulait devant, un fait de course important allait changer le visage de l’Enfer du Nord version 2005.

Peter van Petegem, candidat déclaré à la victoire finale aujourd’hui sur le vélodrome de Roubaix, chutait en tête du peloton. Mal en point, le coureur de la Davitamon-Lotto était lâché, mais au prix d’efforts et de douleurs, revenait. Malheureusement, il devait abandonner à une centaine de kilomètres du terme (secteur 17). Andrea Tafi, qui venait pour la dernière fois sur les routes de la Reine des classiques, connaissait également de grosses difficultés.

Boonen passe à l’attaque
Pendant ce temps, le groupe d’échappés gardait cinq minutes d’avance mais de huit, la bande de baroudeurs passait à cinq et la pluie faisait son apparition sur les pavés. Sebastian Lang, David Herrero et Sébastien Chavanel n’étaient plus dans le coup. Et dans le peloton, Tom Boonen et la Quick Step mettaient le pied sur l’accélérateur. La preuve que le Belge se sentait bien. La sélection commençait à se faire et un petit groupe de favoris partait. Magnus Backstedt (Liquigas), tenant du titre, Juan Antonio Flecha (Fassa Bortolo), George Hincapie (Discovery Channel), Fabian Cancellara (Fassa Bortolo), Leon Van Bon (Davitamon-Lotto), Lars Michaelsen (CSC) et évidemment Boonen se faisaient la belle.

Sous des conditions de plus en plus dangereuses, les chutes se succédaient et le groupe Boonen revenait à trois minutes des baroudeurs à quelques soixante-dix kilomètres de l’arrivée. Une vingtaine de kilomètres plus tard, la jonction était faite sur le secteur pavé d’Auchy-les-orchies. Pendant ce temps, piégé auparavant, Steffen Wesemann (T-Mobile), essayait de revenir en solitaire – suivi tout de même par Hulsman. Sans réussite.

Le peloton laisse tomber
Derrière, le gros du peloton commençait à rendre les armes. Et Flecha mettait le paquet tandis que Cancellara semblait en difficulté. Alors que la pluie s’était arrêtée, le Suisse perdait du terrain. Il se retrouvait avec Wesemann et quelques poursuivants notamment Arnaud Coyot, parti tôt ce matin. Devant, les favoris étaient au rendez-vous et la grande bagarre pouvait débuter. A quinze kilomètres du terme, Lars Michaelsen était le premier à exploser. Au Carrefour de l’arbre, Flecha relançait, Hincapie et Boonen étaient dans le coup.

Trois hommes pour une victoire. Sur le papier, Tom Boonen semblait le plus fort et pouvait entrer dans l’histoire en devenant le neuvième coureur à réussir le doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix. Mais George Hincapie et Juan Antonio Flecha étaient aussi aux portes de la légende en devenant le premier Américain ou le premier Espagnol à s’imposer sur le vélodrome. Les trois têtes d’affiche du jour s’entendaient parfaitement et entraient dans Roubaix ensemble. Tout allait se jouer au sprint car personne ne tentait de s’extirper. En pistards, les trois hommes se regardaient. A la cloche, Flecha passait en tête. Boonen en dernier. A l’orée de la dernière ligne droite, le vainqueur du Tour des Flandres se levait et mettait le coup fatal à ses deux compagnons, un peu inconscients de n'avoir rien tenté avant. Imbattable au sprint, il coiffait George Hincapie sur la ligne et s’offrait un succès énorme.